Paroles – Béart – Mandrin

Le dans «Paroles» par Anonymous
Guy Béart
MANDRIN

Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande,
Tout habillés de blanc,
À la mode des – vous m'entendez? –
Tout habillés de blanc
À la mode des marchands.

La première volerie
Que j'ai faite en ma vie,
C'est d'avoir goupillé
La bourse d'un – vous m'entendez? –
C'est d'avoir goupillé
La bourse d'un curé.
Mandrin!
Mandrin!

J'entrai dedans une chambre.
Mon Dieu, qu'elle était grande.
Il y avait mille écus,
Je mis la main – vous m'entendez? –
Il y avait mille écus,
Je mis la main dessus.

Je montai dans une autre.
Mon Dieu, qu'elle était haute!
Tant robes que manteaux
J'en chargeai quatre – vous m'entendez? –
Tant robes que manteaux
J'en chargeai quatre chevaux.
Mandrin!
Mandrin!

Je les menai pour vendre
À la foire en Hollande.
Je les vendis bon marché:
Ils ne me avaient rien – vous m'entendez? –
Je les vendis bon marché:
Il ne m'avaient rien coûté.

Ces messieurs de Grenoble
Avec leurs grandes robes
Et leurs bonnets carrés,
Ils m'eurent bientôt – vous m'entendez? –
Et leurs bonnets carrés,
Ils m'eurent bientôt jugé.
Mandrin!
Mandrin!
Ils me jugent à me pendre
– Dieu, que c'est dur à entendre –
Me pendre et m'étrangler
Sur la place du – vous m'entendez? –
Me pendre et m'étrangler
Sur la place du marché.

Montant sur la potence
Je regarde la France.
Je vois mes compagnons
À l'ombre d'un – vous m'entendez? –
Je vois mes compagnons
À l'ombre d'un buisson.
Mandrin!
Mandrin!

Va–t'en dire à mon père,
Va–t'en dire à ma mère
Qu'ils ne m'attendent plus:
Je suis un enfant – vous m'entendez? –
Qu'ils ne m'attendent plus:
Je suis un enfant perdu.
Mandrin!