Paroles – Brassens – La file indienne

Le dans «Paroles» par Anonymous
Georges Brassens
LA FILE INDIENNE

Un chien caniche à l'oeil coquin,
Qui venait de chez son béguin,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Descendait, en se poussant du col,
Le boulevard de Sébastopol,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.

Une midinette en repos,
Se plut à suivre le cabot,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Sans voir que son corps magnétique
Entraînait un jeune loustic,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.

Or, l'amante de celui–ci
Jalouse le suivait aussi,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Et le vieux mari de celle–là,
Le talonnait de ses pieds plats,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.

Un dur balafré courait sus
Au vieux qu'il prenait pour Crésus,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Et derrière le dur balafré
Marchait un flic à pas feutrés,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.

Et tous, cabot, trottin, loustic,
Épouse, époux, et dur et flic,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Descendaient à la queue leu leu
Le long boulevard si populeux,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.

Voilà que l'animal, soudain,
Profane les pieds du trottin,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Furieuse elle flanque avec ferveur
Une paire de gifles à son suiveur,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.

Celui–ci la tête à l'envers
Voit la jalouse l'oeil grand ouvert,
Tortillant de la croupe et claquetant